lundi 28 octobre 2013

Fin

Arthur s'arrête ici avec, déjà, ce 200ème billet.
Il sera remplacé par : le dernier mot.
Le temps se fait court.
Il me semble que j'ai le goût de vous raconter comment je vais finir.
Avec, bien sûr, le droit de changer d'idée en cours de route.
Morbide ?
Pas du tout.
J'ai accompagné des centaines de personnes vers leur dernier souffle.
La plus jeune n'avait que quelques heures, la plus vieille plus que centenaire.
Je soupçonne même que si on respecte les balises prônées par les soins palliatifs, le confort et la dignité,
la mort ressemble plus à une douce jeune fille au joli minois qu'aux spectres dont on nous a tellement fait peur.
Je ne commence pas ce nouveau blogue ce soir : la journée a été particulièrement rude et je ne veux pas initier ce dernier blogue sur un ton de vieux grincheux.

Salut Arthur !

Consentir au massacre

En rétrospective, il me semble bien évident que si j'avais eu une idée un peu plus précise de la douleur qui m'attendait, j'aurais fermement refusé cette fameuse biopsie osseuse.
Malgré tous les analgésiques que je me suis tapé avant de subir l'examen.
Ce que je peux attendre de plus probable des résultats, c'est de connaître le nom du cancer qui va me tuer.
Le fait que la bataille sera nulle s'avère une bien piètre consolation.
Le miracle serait qu'il ne s'agisse que d'une complication de mon premier cancer.
Mais je n'aime pas me complaire trop longtemps dans les illusions : d'abord, parce que de toute façon, le premier cancer est strictement incurable, ensuite, parce que la réalité m'attend au premier détour.
Les miracles existent, j'en ai été témoin, mais ils sont aussi rares, sinon plus, que les billets gagnants de Lotto Max.

le désordre des chiffres

jeudi 10 octobre 2013

Empirer le pire

Quand on vit une période difficile, surtout si celle-ci risque d'être finale, le déni des autres rend les choses beaucoup plus pénibles.
Il ne sert à rien de faire l'autruche et de se conter des histoires farfelues.
Je ressens des symptômes, j'identifie des signes que j'ai rencontrés des centaines de fois pendant ma carrière.
Les messages d'espoir des jovialistes m'incommodent et les éloignent de moins, qui aurais si souvent besoin d'eux.

la vérité crue

lundi 7 octobre 2013

Le prophète

C'était écrit dans le ciel, on vient de me trouver un deuxième cancer.
Enfin des métastases attribuables à un deuxième cancer.
Préparez-vous, encore un peu de temps et je ne serai plus là.

jean le baptême

jeudi 3 octobre 2013

Un charmant petit frère

Ma mère, qui n'avait absolument pas besoin de travailler pour vivre confortablement, venait de nous annoncer qu'elle s'était trouvé un emploi, le premier depuis de sa vie.
Toute joyeuse, elle nous demande : "Que pensez-vous que je vais faire ?"
Ce à quoi mon frère répond : "Laver les toilettes dans un CEGEP."
Ma mère n'a vraiment pas trouvé ça drôle et ce ne l'était vraiment pas.

la petite vendeuse de chez Eaton

dimanche 29 septembre 2013

dimanche 22 septembre 2013

Ave Maria

Mon meilleur ami est grand-père, deux fois.
Une joie que je n'aurai jamais l'occasion de savourer.
Mais un tourment aussi, quand ton petit-fils est gravement malade.
Il n'y a pas si longtemps, le bon québécois de souche se réfugiait dans la prière qui lui donnait l'illusion de "faire quelque chose" pour protéger l'enfant.
La perte de cette illusion nous rend pleinement conscient de notre impuissance dans de telles situations.
La déchirure n'en est que plus cruelle.

la poursuite de l'espoir

samedi 14 septembre 2013

Retraite

Vraisemblablement, j'ai terminé ma vie professionnelle par un cours hier matin.
J'ai prévu faire plein de choses amusantes pendant cette période finale de ma vie.
Mais je n'ai pas prévu que la maladie prendrait toute la place.
Depuis quelques jours, la fatigue a pris une place jusqu'ici largement occupée par la douleur.
J'ai le temps de faire, mais pas l'énergie.

la chandelle qui s'éteint

mercredi 11 septembre 2013

Malheur

Mon médecin m'a dit : "Mon cher neurone, j'ai le regret de t'annoncer que tu es passé date. "

les trois jours au lit

lundi 9 septembre 2013

Nouvel aveu

Il m'arrive de jouer sur internet quand je suis trop épuisé pour faire quelque chose de plus intelligent.
Ces jeux survivent grâce à leurs commanditaires.
J'ai quand même été surpris de retrouver les mêmes petits minois charmants en Italie : ici comme là-bas, on prétend que ces jeunes beautés sont dans le voisinage.

la fausse publicité

mercredi 21 août 2013

Laxatif

Devinez qui est encore rendu à Rome et qui vient d'observer le coucher de soleil de la terrasse de l'appartement qu'il s'est permis de louer ?

ex lax ( ce n'est pas de l'italien, c'est du latin ).

jeudi 15 août 2013

la théorie du portillon

Melzac avait, au moins partiellement raison.
Dans des circonstances normales, notre système nerveux ne véhicule qu'un seul signal douloureux à la fois.
En soins palliatifs, le phénomène devient beaucoup plus large.
Contrôlez le symptôme # 1 et à toute allure le numéro # 2 devient le numéro # 1 et le patient n'est pas plus heureux.
Bien sûr, ce n'est pas toujours le cas.
Mais c'est le mien, la douleur physique s'est estompée, probablement à cause de la modification de ma médication.
Puisque je suis moins souffrant, je trouve le moyen d'être plus dépressif.

le cycle de l'enfer

mardi 13 août 2013

Traces

J'ai eu deux soeurs.
Une que j'ai pu connaître.
L'autre qui a été cachée, reniée par mes parents.
Le médecin était en retard à l'accouchement.
L'idiote a gardé la tête là où elle ne devrait plus être.
La catastrophe nationale : Suzanne n'a toujours été qu'un projet avorté.

Dans les restes laissés par mes parents, je n'ai retrouvé que trois manifestations de son existence.
Et la preuve qu'on nous a menti quand on nous a parlé d'elle.
Je n'ai pas de regret.
J'ai assez pleuré.
J'ai assez prié.
Mais les choses auraient pu être différentes.
Mes parent auraient pu être des parents.
Qu'ils reposent en paix.

le silence de l'enfant

jeudi 8 août 2013

Avant de m'en aller

Dans dix jours, je serai à l'aéroport.
Le lendemain, à Rome.
Enfin, s'il ne m'arrive rien de trop fâcheux d'ici là.
Parce que pour les fâcheries, j'en ai mon gros lot.

ciao bella !

mercredi 7 août 2013

Double-standard

Je te dis : je le sais.
Tu me dis : je ne te crois pas.
Pas de problème.
Tu me dis : je te crois.
Et tu vas quand même vérifier dans mon dos.
Là j'ai un problème.

la cérémonie du pardon

vendredi 2 août 2013

Peut-être

... me restera-t-il un peu de temps pour me livrer à un de mes exercices préférés.
Après la marche que je pratique habituellement trois fois par jour, avant la physique que je voudrais tellement maîtriser, avant les toiles que j'aime bien barbouiller, c'est faire aller mes doigts sur le clavier pour pondre mes niaiseries qui me procure le plus grand plaisir.
Bien sûr, si je pouvais travailler, pas pour les sous malgré leur importance, mais pour le plaisir de me rendre utile, de régner sur un royaume où j'excelle en toute humilité, je serais, le temps d'une agonie, un homme heureux.

la chance du patient

Bilan

Jour pénible.
Échec des derniers examens.
Traitement possible refusé par votre humble neurone.
Chimiothérapie relevée à un niveau qui ne trompe personne : le neurone ne peut tolérer une telle médication.
Heureusement, il reste les soins palliatifs.
La perspective de ne plus souffrir, ou du moins de souffrir un peu moins n'est pas pour me défriser.

le temps d'une paix

mardi 9 juillet 2013

Aucun doute

Ma maladie provient d'un gène.
Merci papa !
Merci maman !
Mais si, en rétrospective, je pouvais me débarrasser de ce gène sachant que cette perte diminuerait de dix points mon quotient intellectuel.
Croyez-vous que j'accepterais ce marché ?
Vous ne me trouvez pas assez débile comme ça ?
Je serais sans doute plus ridicule et moins drôle (enfin, moi, je me trouve drôle).

le non absolu (comme quoi tout est relatif)

mercredi 5 juin 2013

Résumé

Ma vie en une fraction de seconde.
Ça se passe au hockey.
La finale de la Coupe Stanley.
Je compte un but en période supplémentaire du septième match alors que nous sommes en désavantage numérique.
Ma mère a une assistance sur le but.
Mon frère ainé aussi, même s'il est gardien de but.
C'est mon père qui est assis sur la banc de punition.
On dirait qu'il n'est même pas content.
Mais ma vie est finie.

la vision d'un avenir fucké

mardi 21 mai 2013

Cherry blossom

On devrait aimer les gens comme on aime son chocolat préféré.
Sans imaginer que l'on puisse en altérer la texture ou la saveur.

la cerise sur le sunday

dimanche 5 mai 2013

Avis personnel et confidentiel

Si tu n'as rien su foutre de valable de ta foutue vie de minable, ne viens pas me dire que j'aurais pu faire plus de la mienne.

mon ami Pierrot

mon côté violent

Robert Guerrero a reçu trois millions pour se battre contre Floyd Mayweather qui lui a touché 32 millions.
J'aurais pris sa place sans une seconde d'hésitation.
Trois millions pour recevoir un seul coup de poing sur la gueule. Anytime !
Je n'ai pas peur d'une commotion cérébrale : je n'ai qu'un seul neurone et il est malade en maudit.
Lorsque j'en ai subi une, une vraie, ma douce était morte de rire.
Pour trois millions, c'est moi qui serait mort de rire. Peut-être même mort tout court mais so what ?
Et la foule aurait été contente d'avoir un knock-out plutôt qu'une décision unanime.

la dernière ronde

samedi 4 mai 2013

Paroles paternelles II

Dans la même veine que le billet précédent : "Ça ne vaut pas le cul, parce qu'il n'y a rien qui vaut (plus que) le cul."

l'origine de l'homme

Paroles paternelles

Suite à son départ, voici une des citations mémorables de mon père : "Ça ne me fait rien de me faire crosser, à condition d'en retirer un minimum de jouissance."

le fils de l'autre

dimanche 28 avril 2013

Changement de perspective

Avant je regardais les gens, les paysages et tout ce qui m'entoure avec l'intention avouée de les fixer pour toujours dans ma mémoire.
Aujourd'hui, je regarde les gens, les paysages et tout ce qui m'entoure avec l'intensité de celui qui regarde tout ce qui l'entoure pour la dernière fois.

la perspective différente

vendredi 26 avril 2013

Disparition

Dans ma vie du moins, disparaitrons certaines expressions pittoresques que mon père utilisait fréquemment.
Plutôt que de traiter quelqu'un d'idiot, il le traitait d'oeuf de Pâques à deux jaunes.
Il exprimait un refus catégorique en disant : dans le cul les pains de suc(re).

Cela ne me manquera pas, mais il faut reconnaître l'originalité de ses mots.

le pain de suc(re)

mercredi 24 avril 2013

Finalement

Il aura fallu que mon père meure pour que je repleure ma mère.

le fils éploré

Une dernière question

Maman, pourquoi as-tu enduré tout cela si longtemps ?

le mépris, voire la haine, de la religion

Je me demande

Les martyrs : faut-il les admirer ou les mépriser ?

le salut à ma mère, ma petite maman chérie

Adieu vieux débris

Tu aurais bien pu dire tout ce qu'il aurait pu te plaire de dire.
Mais rien ne changera rien à rien.
Que tu dises tout ce que tu aurais pu dire et tout ce que tu auras dit, j'aurai quand même été un bon fils.
Et toi, un mauvais père.
Ce que j'ai pu faire pour toi, je ne l'ai jamais fait pour toi.
Je l'ai fait pour maman.
Même si elle n'est plus là.
Je l'ai fait pour qu'elle soit fière de moi.
Je l'ai fait pour qu'une dernière fois, elle sache à quel point je l'aimais et que je l'aime encore et que je l'aimerai jusqu'à mon dernier souffle.
Je sais bien qu'il est trop tard et qu'elle ne sait plus rien.
Je sais bien qu'il est ridicule d'honorer la mémoire de ceux qui font désormais partie du néant.
Mais maudit que ça me fait du bien.
Mais maudit que j'ai besoin que l'on me fasse du bien.

celui qui reste et ce qui reste de celui qui reste

jeudi 18 avril 2013

Aujourd'hui II

Quand les autres symptômes l'emportent sur la douleur, c'est vraiment une maudite journée de maudite marde.

le jour d'aujourd'hui

P.S. Surtout que la maudite médication nécessaire pour assurer un niveau de confort compatible avec la vie provoque des effets secondaires incompatibles avec la moindre notion de confort.

P.P.S. Des jours comme aujourd'hui me font douter de la pertinence de poursuivre une maudite chimiothérapie de merde.

Presque

Je me contente de presque rien.
Il est presque certain (ce qui en soit constitue une figure de style) que Philadelphie ne participera pas aux séries d'après-saison (qui pourraient constituer mes ultimes séries).
Avec Boston, ce sont les deux clubs qui me puent au nez à cause de la violence qu'ils préconisent ou qu'ils ont préconisé.
Gagner, bien sûr, mais gagner en intimidant ou en aggressant l'adversaire : très peu pour moi.

l'apparence du pacifisme

Aujourd'hui

Je parlais avec la conjointe d'un voisin qui, en plus du voisinage, partage avec moi le diagnostic qui m'accable.
Elle me posais des questions dont je connaissais les réponses mais elle aurait voulu que je lui pose des questions dont je ne connaissais pas la fin.
En moyenne, les affligés survivent entre 10 et 12 ans.
Oui, me dit-elle mais cela peut aller jusqu'à 17 ans.
Malade pendant 17 ans, n'y a-t-il pas d'autres options ?

I saw her standing there

vendredi 12 avril 2013

La mort

Elle n'apportera pas de réponse à mes questions mais les réduira au silence.
En attendant, la quête continue.

la paix royale

mardi 2 avril 2013

30 vies

Je ne suis pas un grand consommateur de télévision.
Du moins, je ne l'étais pas.
Mais cette année, plusieurs émissions sont à mon programme.
19-2
Downton Abbey
Unité 9
Et de façon plus surprenante, 30 vies.
Je m'identifie à Karine Vanasse qui a une maladie du sang et à qui il reste, en théorie, 5 ans à vivre.
Cette semaine, elle a dit à Nathalie Mallette des mots qui traduisent ma pensée.
"Je me sens partir... tranquillement."
Mais ce sont des mots que les proches ne veulent pas entendre.
Je regarde mes mains.
Je trouve qu'elles ont pâli.
Avec la couleur qui s'estompe, c'est ma vie qui s'efface.
Le néant soyeux qui m'attend me semble de plus en plus attrayant.
Le jour où je serai rendu assez pâle, sans doute n'aurai-je plus mal.

la vie... en attendant

Egocentrisme

Quand on voit poindre à l'horizon une fin qui s'annonce plus prochaine que prévue, nous nous préoccupons d'accumuler une foule de derniers souvenirs comme si ceux-ci n'allaient pas s'éteindre avec nous.
Il est beaucoup plus difficile, et productif, de s'attarder aux derniers souvenirs que nous allons laisser et qui nous survivrons, quelque temps.

la revue des priorités

jeudi 28 mars 2013

Judéo-chrétien

C'est la veille du vendredi saint.
Ce n'est pas parce que ça ne veut plus rien dire pour moi que ça n'a jamais rien dit.
J'ai été croyant et pratiquant jusqu'à la bigoterie.
Dans les vapeurs des souvenirs qui me restent, j'aimerais que le ciel dont je rêvais existe pour que ma mère puisse y être.
Parce que pour ma part, j'aime mieux passer mon tour.

l'athée risque


mardi 19 mars 2013

Le retour des anecdotes (2ème partie)

On dit toujours que quelqu'un, généralement un mâle, cherche comme un homme.
Un des rarissimes moments de gloire de mon enfance a fait de moi une exception à la règle de sorte que, chez nous, quand quelqu'un a perdu quelque chose, c'est généralement à moi qu'on fait appel, sauf si le quelqu'un en question est moi, bien entendu.
J'étais jeune et plutôt optimiste, malgré une enfance pénible.
Les cousines de ma mère avaient fait de la couture dans la cour arrière et l'une d'elle avait échappé une aiguille.
Une banale aiguille droite.
Je leur ai demandé où elles étaient assises et aussitôt entrepris les recherches.
Je ne saurais dire combien de temps j'ai cherché dans le gazon, mais depuis toujours je ne suis pas du genre à renoncer facilement.
J'ai donc fini par trouver la maudite aiguille.
Pour une fois, j'avais fait quelque chose de bien.

la botte de foin

Le retour des anecdotes (1ère partie)

En ce jour de la fête de saint Joseph, une semaine après ce qui aurait été l'anniversaire de ma mère si j'en avais encore une, un peu d'autodérision ne me ferait pas de mal.
Ma mère aimait beaucoup St-Hubert BBQ.
J'y étais donc en compagnie de mes parents et de ma douce.
C'était il y a des lustres et je n'avais certainement pas encore atteint l'âge vénérable de 45 ans.
La serveuse, toute souriante, annonce : "J'ai déduit l'escompte des personnes âgées pour les deux messieurs!".
Bizarre, mais l'éclat de rire de mon père restera sans doute un des meilleurs souvenirs que je garde de lui.

la progérie tardive

dimanche 17 mars 2013

Mince consolation

Je ne suis pas le seul.
J'ai eu une mère de chiffon et un père de béton.
Armé.
Violent, narcissique.
Un homme qui n'a jamais voulu avoir d'enfant et qui aurait dû respecter sa propre volonté (de salaud).
Hier je parlais de ma famille de tarés avec quelqu'un qui peut me comprendre.
Elle a connu pire.
Mais de son côté, le probléme, c'était sa mère.
Qui entre autres lui a dit : "je ne vous ai pas accouchés, je vous ai chiés".
Cette femme, si on peut s'exprimer ainsi, aurait formé avec mon père un couple des plus méprisables.
Heureusement, elle est déjà morte.
S'il y avait eu une vie éternelle, je pense qu'ils se seraient finalement rencontrés.
En enfer.

il y a toujours pire

samedi 16 mars 2013

Hockey

Sans considération pour l'équipe, je déteste toujours voir un joueur blessé.
Il y a bien quelques exceptions mais ce sont toujours des joueurs que l'on considère comme des "durs à cuire" qui ont infligé bien plus de blessures qu'ils n'en ont subi.

Lou Fontinato

Malheur

J'ai passé une bonne partie de la semaine à m'occuper de la personne que je déteste le plus au monde : mon père.
Comble du malheur, il s'avère trop lourd pour la résidence où j'ai réussi à le faire admettre : donc, il me faut tout recommencer.
Par contre, en rédigeant ce billet, j'ai réalisé qu'il n'est pas vraiment la personne que je déteste le plus au monde, il est la seule personne que je déteste. Du moins parmi celles qu'il m'a été donné de côtoyer à un moment où l'autre de ma vie. Ce qui exclut toutes les Pauline Marois de ce monde. Heureusement, parce que là, la liste devient beaucoup plus longue.
Il y en a peut-être qui vont se réjouir du fait que je ne les connais pas.

l'ombre d'un doute

jeudi 28 février 2013

Je l'ai dit ailleurs

Néanmoins, une publicité télévisée affirme : durant le traitement contre le cancer, on a besoin de soutien au quotidien.

then why do I feel so alone ???

dimanche 24 février 2013

Jalousie

Il m'est certainement arrivé de ressentir de l'envie face aux bonheurs des autres.
Je crois bien que cela arrive à tout le monde au moins une fois dans sa vie.
Mais aujourd'hui, je suis jaloux des femmes.
Pour une fois, je voudrais en être une.
Et avoir un cancer du sein.
D'abord, parce que j'aurais d'excellentes chances d'en guérir, alors que je n'en ai aucune.
Un des plus grands risques dans ma maladie est de développer un deuxième cancer avant que le premier m'emporte.
Mais surtout parce qu'à la moindre alerte d'une possibilité, même lointaine, d'un éventuel cancer du sein, la victime présumée est entourée de l'attention de tout son entourage.
On l'encourage, on la distrait pour qu'elle ne pense pas trop à son bobo, on la sort, on la dorlote.
Moi, quand je parle de ma maladie, tout ce que j'entends c'est que j'arriverai à déjouer les statistiques.
Plusieurs s'éloignent, la plupart ne veulent pas en entendre parler.
Peut-être est-ce parce que leurs chances de survie sont si bonnes que les femmes sont entourées de tant de soin.
Mais pour le condamné, il n'y a que vides et dénis.

la solitude sur son étoile

mercredi 6 février 2013

Re me(r)de

Une troisième augmentation de ma chimiothérapie en autant de mois.

l'hyperinflation

jeudi 31 janvier 2013

Ayoye !

Ce soir, mon corps m'inflige des douleurs dans des racoins dont je ne soupçonnais même pas l'existence.

le gros bobo

mercredi 30 janvier 2013

Oui, hello ?

J'attends encore un appel de ma mère.
Et je m'étonne de ne pas en recevoir.
J'ai communiqué avec mon service (funéraire) téléphonique et ils m'ont confirmé qu'ils n'offrent aucun service avec l'au-delà sauf celui d'une mise en attente éternelle.

l'attente d'une évolution

mercredi 9 janvier 2013

Différence fondamentale

Ma douce a beaucoup souffert pour avoir des enfants.
J'ai beaucoup souffert pour ne plus en avoir.

la complication chirurgicale

mardi 8 janvier 2013

Une autre culture

Sur notre liste des achats à faire lors d'une prochaine visite au club Prix, on retrouve le mot cartouches.
Chez nos voisins du sud, on pense tout de suite aux armes à feu.
Ici, on pense à l'imprimante.

la paix sur terre (en noir sur blanc)

dimanche 6 janvier 2013

Spoutnikbiographie

Ma mère a rencontré le cancer pour la première fois à l'âge de 49 ans. Ce qui devait être une chirurgie relativement mineure s'est terminé par une ablation complète du sein.
À partir de ce moment-là, le vieux avait plus de difficulté à se moquer de ce qu'il appelait ses oreilles d'épagneul.
Ma mère a rencontré le cancer une deuxième fois, 19 ans plus tard.
Compte tenu de l'ampleur de la première chirurgie, la deuxième a été aussi agressive.
À partir de ce moment-là, le vieux n'a plus jamais pu jeter un regard sur la poitrine plate de ma mère.
Ma mère a rencontré le cancer une troisième fois, 19 ans plus tard.
Une leucémie qui allait l'emporter en quatre jours.
Malgré la démence qui lui ravageait le cerveau et lui rendait la vie difficile, elle a comprit et accepté le fait qu'elle allait mourir.
Le dernier regard que nous avons échangé restera gravé dans ma mémoire jusqu'à ce que mon regard s'éteigne à son tour.
Nous avons eu la chance, et un peu le courage aussi, de t'organiser des funérailles à ton image.
Dignes et sobres.

le fils meurtri

SP3

une grande joie

Qu'elle ne sache pas à quel point elle me manque et à quel point elle continuera à me manquer. Elle aurait été tellement triste de connaître ma peine qu'elle en serait morte si ce n'était déjà fait.

la grosse grosse peine

Le nimportequoibiographie

Bien sûr, j'ai des souvenirs moins glorieux de la maternelle.
Ils n'ont pas leur place ici.
Elle n'a pas arrêté de se tordre les méninges pendant ses dernières années pour d'auto-flageller avec les erreurs qu'elle aurait pu avoir commises.
Je ne lui ai jamais demandé d'être parfaite.
Juste d'être humaine, ce que le vieux n'a pas réussi à faire.

le pardon avec plaisir

Camiondedéménagementbiographie

Automne 1954.
La tribu, avec sa nouvelle squaw qui arrivera début novembre, envahit ce qui sera la maison familiale jusqu'au milieu des années 70.
La maison est à moitié terminée : les futures chambres à l'étage sont encore à l'état de projet et le sous-sol une vraie cave qui sera aménagée plus tard.
La violence paternelle était déjà sans doute bien établie mais pas encore structurée en système.
Les premiers mauvais traitements imposés par le vieux sont associés à ce lieu terrible où il y aura quand même beaucoup plus de peur que de douleur.
Le plus vieux commence l'école.
Ça se passe mal.
Il se retrouve dans une école spéciale où il est pensionnaire toute la semaine.
Toute la semaine, des thérapeutes et des éducateurs essaient de réparer les morceaux cassés.
Toutes les fins de semaine, le vieux salaud relance mon frère sur les murs.
Le cycle dura assez longtemps pour que les dommages soient permanents.
Mon frère deviendra un genre de mauvaise parodie de ce qu'il aurait pu devenir.
Le malheur dans le mépris et l'isolement.
Moi, je n'ai écopé que du surplus que mon frère ne pouvait prendre sans que les lésions ne deviennent trop apparentes.
J'en ai quand même pris pour mon rhume.
La crise d'adolescence sera fracassante et prolongée (est-elle vraiment terminée ?).
Mais si j'en suis sorti à peu près intact, c'est que j'ai eu la chance extraordinaire d'avoir un bouclier humain : je l'ai déjà maintes fois remercié et même si ce n'est pas suffisant, c'est tout ce que je peux lui offrir.
La chance que nous avons eu, c'est que le vieux ne s'intéressait aux enfants que pour les faire souffrir et les humilier.
C'est en vain que je cherche un bon souvenir de lui.

le bas blessé

samedi 5 janvier 2013

Motobiographie

L'arrivée d'un neurone dans la famille n'a pas dû changer grand chose si ce n'est que d'envenimer un peu une situation déjà déplorable. Juste un peu pire avec une deuxième bouche braillarde à nourir. Si mon père a eu un petit coup d'orgueil à la naissance de l'ainé, il est probable que son ego n'a pas joui un grand coup le deuxième coup.
Le drame allait se produire avec l'arrivée de la troisième : cette fois, le bonheur du vieux devait être sans partage. Ses tendances incestueuses étaient profondément enfouies dans le cloaque de son inconscient.
J'imagine, qu'inconscients du drame qui s'était produit, que les parents partageaient un bonheur sans partage.
Le malheur les attendait au premier détour car il s'était déjà produit.
Mon frère et moi ayant tracé le chemin, soeurette l'a emprunté avec un léger excès d'enthousiasme. Voyant cela, une infàme infirmière, qu'elle soit maudite, a pris la grotesque décision de garder manuellement le bébé dans le sein de sa mère jusqu'à l'arrivée du docteur.
Suite à ce retard, il était trop tard : les dommages cérébraux seront irréversibles. Soeurette sûrette ne serait qu'un immense chagrin. Elle ne parlera pas, elle ne marchera pas, elle sera placée en institution puis reniée par mes parents. On avait dit à mes parents qu'elle ne vivrait pas plus de six ans. Elle en avait 58 quand elle est morte.

l'orphelin de soeur

vendredi 4 janvier 2013

Avionbiographie

Contrairement à ce que j'écrivais dans camionbiographie, je crois que le drame a dû commencer avant la naissance de l'ainé.
Le vieux débris n'ayant jamais voulu d'enfant, il est probable que le choc de l'annonce de la grossesse de la maternelle ait provoqué un orage électromagnétique de puissance 463.12 dans la tribu de ses neurones déclenchant une violente tempête dont l'ensemble du tissu cérébral ne se remettra jamais.
En bon mégalomane, l'idée d'être une erreur qui se reproduit a certainement entraîné un gonflement de l'ego qui était encore plus près de la grenouille que du boeuf.
Toutefois en obsédé sexuel qui, soit dit en passant, tenait sa libido débridée de sa mère, l'annonce d'une progéniture s'accompagnait aussi d'une carence éjaculatoire anticipée et concrétisée ce qui a produit un court-circuit cérébro-génital fatal pour sa sérénité ou pour ce qui en tenait lieu.
Remplacer une série d'orgasmes par une série de cris qui vous réveillent la nuit stimulant votre organe reproducteur au risque de reproduire une autre catastrophe braillarde était un défi intellectuel impossible à relever.
L'histoire ne dit pas quand le moineau a commencé à utiliser d'autres trous pour faire son nid mais il nous est permis de croire que l'idée a quand même pris quelques années pour parvenir à destination.
J'étais adolescent et travailleur esclavagé au bureau de mon vieux quand j'ai mis la main tout en jetant un coup d'oeil sur une longue liste de prénoms féminins suivis de numéros de téléphone codés. Compte tenu de ma compétence mathématique, il ne m'a fallu qu'une fraction (indéterminée) de seconde pour additionner un plus un et parvenir à une nouvelle compréhension d'une simple feuille de papier qui était source de répit pour ma mère.
Plus tard, le vieux débris affirmera d'ailleurs qu'il a rarement payé pour assouvir son désir.

le deuxième nez

P.S. J'ai peine à croire que des textes comme celui-là soient comme autre chose : ils viennent tout seuls, sans effort et avec plaisir.

jeudi 3 janvier 2013

Accidentdautobiographie

C'est arrivé aujourd'hui. Tout de suite après les funérailles de maman. Dans la voiture, il y avait un vieux débris et

Pourquoi moi ?

mercredi 2 janvier 2013

Hors mini-série

C'est confirmé : ma soeur et le plus jeune de mes frères n'assisteront pas aux funérailles de maman demain matin.
Il est bon de se faire rappeler à l'occasion qu'il y a des limites à notre compréhension de l'univers.

c'est quoi la question ?

Camionbiographie de ma mère rédigée par son fils, le neurone ectopique (2ème partie : la spéculation)

De l'époque primaire de mes parents, je ne sais pas grand chose.
Je dirais que mon père savait quoi, mais pas vraiment comment.
Et que ma mère ne savait que le pourquoi : le devoir conjugal.
C'était le début du baby-boom et la révolution tranquille attendait tranquillement son heure.
Je crois aussi, qu'au début du moins, il devait être plus facile de vivre avec un seul crétin, surtout qu'il sortait pour aller travailler avant de commencer à sortir pour sortir, qu'avec les huit tarés qui partageaient avec elle le domicile conjugal.
Il faudra attendre 26 mois de mariage avant que le premier drame ne surgisse : la naissance de l'ainé.

le deuxième rang

Autobiographie de ma mère (1ère partie)

Maman ne l'ayant pas fait elle-même, je me vois dans la pénible obligation de rédiger son autobiographie moi-même.
Ceux qui pourraient croire que cela ne respecte pas les règles du jeu sont priés d'aller jouer là où il leur sera possible d'avoir raison en toute quiétude.
Maman est née parmi les dernières d'un troupeau de neuf enfants. Deux garçons, sept filles.
Dans l'ensemble, une belle gang de dysfonctionnels.
J'ai très peu connu sa mère qui m'a laissé l'image d'une petite bonne femme ferme et fermée dans une maison qui sentait le renfermé.
Son père était un vieux malcommode que je soupçonne d'avoir été un jeune malcommode plus tôt dans sa vie.
Je ne lui connais pas d'autre relation avant celle qu'elle a eu le malheur d'entretenir avec mon père si ce n'est une grande sympathie pour un de ses cousins : il ne s'est sans doute rien passé mais cet attachement, si superficiel qu'il ait été, a aussi été un intarissable sujet de taquinerie pour mon vieux crétin de père.
D'autant plus que lui-même s'était amouraché d'une de ses cousines qui a eu le bon sens d'entrer en religion plutôt que de faire face à la musique avec un (futur vieux) débile.
Pour ma mère, la situation était toute autre : elle était prête à suivre n'importe qui pour sortir de son nid de tarés. Et c'est ce qu'elle a fait. Pauvre elle. J'ose espérer que si elle avait su ce qui l'attendait, elle aurait suivi la cousine de mon père chez les bonnes soeurs.
Elles sont toutes les deux mortes l'année dernière. L'une a connu l'enfer, l'autre pas. Et s'il y avait un vrai paradis (je sais bien que cela n'existe pas mais je pense au père Noël) elles y seraient toutes les deux.

le petit amour